Éloge de… L’amour est dans le pré

La fameuse émission de M6 est un chef d’oeuvre, il faut bien le reconnaître. Mais pas de n’importe quel type, c’est un chef d’oeuvre français.

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Bien sûr on peut toujours reculer d’un pas et d’un air contrit esquisser une moue dubitative. On peut aussi, sans doute par snobisme, faire mine de ne jamais s’y être intéressé, d’avoir d’autres chefs-d’oeuvres à lire le lundi soir, d’autres amis à voir ou d’autre semblable à contempler pour se pencher pendant plus de deux heures sur la solitude affective de quelques cultivateurs mélancoliques. On peut nier, mais on mentirait si l’on disait qu’on n’avait jamais rien ressenti en voyant ces hommes bourrus la larme à l’oeil courant après leur amour (“Katia je t’aime putain”), on serait malhonnête si l’on n’avouait pas avoir un instant pensé nous aussi à notre mère, notre père, notre tante, notre oncle, et songé à leur vanter à notre tour les mérites d’une lettre parfumée et d’un poèmes aux rimes touchantes et primitives.

S’il faut faire l’éloge de l’Amour est dans le pré (et de sa présentatrice Karine Lemarchand) ce n’est pas pour la mise en scène exagérément bucolique qu’elle propose du monde rural. Ce n’est pas non plus pour le soin pris par l’équipe technique à convertir n’importe quelle étendue ocre avant un coucher du soleil en un décor féerique (traveling, étalonnage, montage) propice à préparer nos esprits à l’émoi d’un speed-dating sur une péniche, aux frétillements d’une assistante de direction parisienne pour un vieux garçon solitaire de l’Allier aux doigts de géant et au coeur de petit garçon.

Non, s’il faut ici dresser l’éloge de l’Amour est dans le Pré c’est parce qu’il est un chef-d’oeuvre total de la télévision française.

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Éloge de… François Langlet

Dimanche on n’a rien compris aux explications de François Langlet sur le plateau du journal télévisé de France 2. Mais peu importe. Le chauve le plus inquiétant de France nous a encore sauvé des griffes vénales du capitalisme. Éloge.

Francois Lenglet, journaliste francais. Une fois par mois, Franz-Olivier Giesbert recoit des personnalites pour debattre de l actualite. la Plaine St Denis,FRANCE-le 27/11/12/BALTEL_LMDA.06/Credit:BALTEL/SIPA/SIPA/1301181320

Il y a encore des gens qui n’aiment pas l’économie. Dimanche soir François Langlet portait une veste de velours bleu marine et une cravate couleur saumon. Comme toujours il avait le cuir chevelu parfaitement lisse et sur la surface légèrement concave de son crâne ovoïde se reflétaient avec finesse les rayons des ampoules éclairant le studio du Journal Télévisé de France 2.  Il avait cet moue, François Langlet, qu’il a toujours avant de prendre la parole. Le nez aux cavités profondes capable de humer avant les autres les saveurs du lointain, l’oeil électrique et le sourcil en circonflexe, François Langlet était un être venu du futur pour nous rassurer sur nos destinées de consommateurs exemplaires. Il avait l’air d’avoir des choses à nous dire ce dimanche quand Laurent Delahousse, semblable à ces jeunes étudiants perdus sous une indéchiffrable quantité de notes et de paperasse se tourna vers lui comme vers un aîné. Ce dernier, fier d’être ainsi interpellé par un amphithéâtre rempli néophytes, n’avait placé devant lui, ne la consultant qu’avec la parcimonie de l’expert exercé, un minuscule feuillet ponctué de quelques notes. 

Quand Français Langlet prend la parole, Laurent Delahousse se tait mais c’est nous qui faisons silence. 

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