Valdano « le football est une fiction  » 2/2 (inédit)

Suite et fin de notre conversation avec Jorge Valdano. Le pragmatisme abordé, il était devenu impossible de ne pas parler équipe de France, Guardiola, cynisme, Sinatra et VAR. Dans cet ordre. 

Valdano 86

On oppose volontiers à l’amateur de beau jeu le plaisir du défenseur.  Simeone dit d’ailleurs que défendre est un art de vivre, dans quel sens le dit-il ? 

C’est une éthique de l’effort, de la générosité. C’est pour cette raison qu’il instaure une discipline quasiment militaire. Ce qui est aussi admirable en un certain sens dans la mesure où, cinq ans plus tard, les joueurs continuent à s’y plier. Il y a une grande valeur à convaincre des joueurs qu’ils vont au football comme on va au sacrifice. La part éthique réside ici dans le sacrifice, l’humilité. Ce sont des questions bien réelles et pertinentes pour le football mais qui malheureusement ne prennent pas en compte le courage ou la beauté. Voilà pourquoi il me semble que cette idée du football reste incomplète. D’ailleurs de l’Atletico de Madrid on ne peut dire que deux choses: soit il gagne, soit il perd. Il n’est pas  analysable du point de vue strictement footballistique. Guardiola, au contraire, doit gagner et bien jouer. Sinon, il ne remplit pas le contrat. C’est une question d’expectatives. Voilà pourquoi jouer comme Simeone, c’est beaucoup plus facile que de jouer comme Guardiola. Pep a beau encaisser moins de but que l’Atletico et en marquer cinq fois plus, l’analyse à son encontre reste mesquine. 

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Pep Guardiola, l’héritier sans testament

Pep vient de perdre l’homme qui avait fait de lui un joueur de football, un capitaine et un entraîneur. JC est mort en pleine semaine sainte. C’est à Pep désormais de porter sa croix.

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Que dirons-nous aux plus jeunes ?

Pep nous a raconté cette parabole ce matin, pour nous aider.

Marius, le fils de Pep Guardiola, qui n’avait pas connu Johan Cruyff et qui n’aimait pas tellement l’école demanda hier soir à son père pourquoi il avait l’air si triste. C’est vrai, il avait souvent entendu le nom de « Johan » ou de « Cruyff » dans la bouche de ses parents. Mais jamais le bambin n’avait remarqué les yeux de son père aussi perdus dans le vague qu’hier soir au moment de prononcer son nom. « Cruyff » c’était pour lui le son que faisait les grenouilles au bord des étangs quand on savait rester immobile un instant. « Cruyff, Cruyff » c’était ce qu’il entendait quand il leur tournait le dos puis, faisant mine de s’éloigner, d’un saut vif et expert, en attrapait enfin une. Devant les yeux admiratifs de ses deux soeurs, il triomphait de ses dernières trouilles d’enfant. Pour Marius, Cruyff était un bruit. Pour Pep, c’était un maître.

Comme le petit orphelin de la légende racontée par Walt Disney avait trouvé refuge chez un vieux mage à la barbiche trop blanche pour être véritablement inquiétante, le petit Marius Guardiola, du haut de ses treize ans, écoutait attentivement ce que lui racontait son papa. Cruyff c’était un monsieur qu’il avait connu quand il était très jeune et qu’il n’avait pas encore rencontré sa maman.

– Johan était pour nous plus qu’un entraîneur. C’était comme un maître d’école qui faisait plein de tours rigolos. Il était un peu sévère mais en même temps nous faisait découvrir beaucoup de choses nouvelles.

– Ah… répondit Marius, un brin circonspect.

Marius avait connu quelques instituteurs qui lui avaient plu. Il comprenait de ce que lui disait son père. Non, ce qui le chiffonnait, c’était une question : comment pouvait-on être impatient d’aller à l’école ?

– Mais ses cours étaient tellement bien, que le matin on était pressé d’y aller !

Alors le visage du petit s’éclaira tout à coup.

Il se souvint du barbu si rigolo qu’il avait vu à la télévision.

– Comme Merlin ?

– Oui, mon chéri. Exactement… Comme Merlin.

Il est ici facile d’imaginer Pep prendre son garçon dans les bras et l’embrasser.

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Barcelone après JC

Barcelone se rend ce soir à Amsterdam, ville natale de son maître: Johann Cruijff. En Catalogne le glorieux ancien n’est dans aucun organigramme, n’occupe aucune responsabilité, ne dirige rien, ne décide pas. Pourtant comme un spectre, il règne sur un territoire mystérieux; les consciences.  Il en est des spectres comme des prophètes qui s’invitent dans … Lire la suite

Les jardins de Messi

Voilà dix ans que Leo Messi habite tous nos résumés et tous nos records. Il est le meilleur du monde depuis le jour où il a commencé le football. Mais parfois être le meilleur ne suffit pas. Dans les jardin où Messi a été enfant, les héros ne s’appellent pas toujours Leo.  On ne devient … Lire la suite